
Moi j’ai un rêve : les femmes écrivent l’histoire avec les hommes. Le patrimoine devient matrimoine.
Depuis des millénaires, on partage du patrimoine masculin à travers un peu tout jusqu’au nom des bâtiments, des places et des rues. Qui ne connaît pas la fameuse avenue Charles-de-Gaulle ? En France, seulement 2 % des rues portent un nom de femmes ! Une histoire d’homme, écrite par des hommes, transmises par des hommes à d’autres hommes pour des hommes.
Le patrimoine peut être génétique, immobilier, financier, professionnel ou culturel. Cela peut être un gène, de l’argent sur un compte en banque, une maison, une entreprise, des œuvres d’art ou des actions. Avoir du patrimoine c’est avoir un stock de richesse qui peut potentiellement être vendu contre de l’argent et qui se transmet de génération en génération. Le patrimoine, on en hérite ou on le crée soi-même.
Le patrimoine patriarcal et le matrimoine féministe.
Matrimoine ! Le mot surprend. Vous l’avez surement deviné : si le patrimoine représente l’héritage culturel des pères, le matrimoine représente celui des mères. Au moment où j’écris, le correcteur orthographique souligne le mot en rouge. Il ne le connaît pas. Je recherche le mot sur Google, j’ai 114 000 résultats contre 102 000 000 pour le mot patrimoine.
Pourtant, les femmes ont elles aussi un héritage à transmettre. Malheureusement, il n’est pas autant mis en valeur que celui des hommes. Le trousseau de mariage de la mariée, ça vous parle ? Depuis le Moyen Âge, les femmes transmettaient à leur foyer un trousseau de mariage constitué de pièces de linge brodées avec leurs initiales. En d’autres termes, ce sont les dames qui brodaient les slips des ces messieurs.
Le matrimoine ouvre la voie aux récits et à la transmission des femmes. Il permet de raconter des histoires et des expériences jusque-là mises de côté ou parfois même oubliées.
Ma mère exerce depuis toujours (ou presque) le métier d’assistante maternelle. Un métier qui lui a permis de continuer à travailler tout en élevant ses enfants (et ceux des autres) à la fois. Ma mère est persuadée qu’il n’y a pas grand-chose à raconter sur sa vie. Je ne suis pas d’accord. L’histoire domestique est un récit qui se doit d’être conté aussi. Pourquoi vouloir minimiser l’importance de ce récit ? N’est-il pas aussi légitime que le récit d’une infirmière ou d’une commerciale ? Tout travail mérite salaire, même les tâches ménagères. Pourtant, c’est dans les années 70 que le terme « travail domestique » a vu le jour. Avant les tâches domestiques n’étaient pas considérées comme un travail en tant que tel et donc très peu considérées, et il y a encore du progrès à faire en matière de reconnaissance !
Pendant longtemps, les femmes n’ont pas travaillé et n’ont pas gagné d’argent.
À moins de toucher un héritage, le chemin vers la richesse patrimoniale commence par le travail lequel permet d’accumuler un salaire et de l’épargner. Constituer son patrimoine nécessite surtout de savoir gérer son argent. Pendant trop longtemps, les femmes n’ont pas eu la main sur la gestion de leur argent car elles n’en gagnaient pas ! Seules les prostituées gagnaient et géraient leur propre argent. Lorsqu’elles ont pu commencer à travailler, c’est encore l’homme qui avait la main sur les finances. C’est seulement en 1965 que la loi autorise les femmes mariées à disposer de leur argent. Elles signent alors leur premier chèque et ouvrent leur premier compte bancaire sans l’accord de leur mari. Vous voyez, ce n’est pas si vieux !
Les hommes sont plus crédibles lorsqu’il s’agit de gérer leur argent !
Ils le font depuis si longtemps ! Après tout, comment être crédible avec une poche trop petite dans laquelle je ne peux même pas faire rentrer mon portefeuille ? En moyenne les poches de jean des femmes sont 48 % fois plus courtes que celles des hommes. Selon une enquête parue en août 2018, mon Iphone X a seulement 40 % de chance de rentrer dans ma poche contre 100 % pour un homme. Je vous assure que pour moi c’est mission impossible; alors le portefeuille, c’est même pas la peine d’y penser ! Christian Dior, en 1954 déclare : « Les hommes ont des poches pour ranger des choses, les femmes pour la décoration ». Au moins, c’est clair !
Les dépenses sont le domaine des femmes, les économies celui des hommes.
Parlons-en du stéréotype de la femme dépensière ! « Elle n’est pas douée, elle n’a pas la valeur de l’argent, elle est nulle en gestion ! ». Pendant trop longtemps les femmes n’ont pas eu accès aux comptes alors forcément elles avaient moins la valeur de l’argent.
Les femmes perçoivent un salaire inférieur en moyenne à celui de leur conjoint, travaillent plus souvent à temps partiel et ont un taux d’activité moins élevé et donc épargnent moins. Avec son argent mis de côté, l’homme s’achète ce qu’il veux comme une moto pour la revendre quelques mois plus tard : la bonne affaire ! Moi quand je me paye un coiffeur, on me dit que j’exagère !
Billets et CB en poche, avec un salaire en moyenne supérieur de 25 % au mien et environ 12 % à travail équivalent, l’homme est en route pour le succès !
De nombreux hommes doivent leur succès à leur femme.
C’est grâce à leur femme restée à la maison pour s’occuper des enfants qu’ils ont pu gravir les échelons dans leur entreprise. Combien d’hommes ont monté leur affaire avec dans les coulisses leur femme gestionnaire ? Il ne suffit pas d’un esprit entrepreneur ! A la maison, les femmes sont les reines de la finance : elles connaissent le montant exact de leurs impôts, gèrent les comptes avec leur conjoint et s’occupent parfois seules des finances domestiques.
Derrière chaque grand homme se cache une femme en or.
La femme est une héroïne avec une cape d’invisibilité ! Elle fait tout mais toujours à l’arrière de la scène. Elle n’a pas la place pour briller au devant. Où est-elle cette femme qui a compté dans notre histoire ? Notre grand-mère, notre mère, notre tante, notre sœur… Il faut réécrire l’histoire et remettre nos modèles féminins sur le devant de la scène. Si l’on veut que chaque fille et chaque femme se sente légitime et ambitieuse, elle doit avoir conscience qu’elle n’est pas seule et que d’autres femmes l’ont fait avant elle. C’est un cercle vicieux qu’il faut briser en racontant au fil des générations la précieuse histoire de toutes ces femmes en or.
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